Lorsque l’on évoque les voyages et les vacances dans notre pays, l’on entend souvent parler des « plus beaux villages de France ». Cette distinction évoque immédiatement l’image de lieux pittoresques et chargés d’histoire, mais que signifie réellement cette appellation prestigieuse ? Quels critères doivent être remplis pour obtenir ce label tant convoité ? Et quels sont les avantages et les défis auxquels sont confrontées ces communes d’exception ? Découvrez l’histoire de cette distinction, les obligations d’une telle labellisation et certains des plus beaux villages qui en bénéficient. Préparez-vous à un voyage captivant à travers l’excellence du patrimoine rural français.
Tous les villages de France aimeraient avoir ce fameux label qui assure tourisme et prospérité à la commune. Mais être élu « plus beau village de France » n’est pas chose aisée. À l’origine les « Plus beaux villages de France » est une association Loi 1901 créée en 1982 par un ancien élu de la commune de Collonges-la-Rouge (en Corrèze) de tout temps reconnue comme l’une des plus jolies du pays. L’idée de départ étant de regrouper l’ensemble des petites communes de France présentant un certain cachet afin de les sortir de l’anonymat et de leur garantir quelques retombées économiques à travers un label touristique. Le succès ne s’est pas fait attendre. Et fait même des émules depuis 2012 avec « le village préféré des français » cher à Stéphane Bern. Avec un objectif commun : promouvoir le patrimoine rural français.
Les origines
Les Plus Beaux Villages de France sont nés d’une rencontre singulière en 1981, entre un homme et un livre. Cet homme était Charles Ceyrac, Maire de Collonges-la-Rouge, et le livre qui a marqué cette rencontre était l’album éponyme publié par Sélection du Reader’s Digest. Inspiré par cette lecture, Charles Ceyrac a trouvé une occasion de servir une cause qui lui tenait profondément à cœur : préserver et promouvoir le remarquable patrimoine de ces communes exceptionnelles, offrant ainsi une alternative à la désertification rurale. Cette vision a été partagée par 66 maires qui ont rejoint cette aventure, officialisée le 6 mars 1982 à Salers, dans le Cantal.
Aujourd’hui, le réseau compte 172 villages répartis dans 14 régions et 70 départements. L’ambition de l’association, à la fois rationnelle et passionnée, est d’éviter les écueils du village-musée dépourvu d’âme, tout en évitant également ceux d’un simple « parc d’attraction ». En réconciliant les villages avec l’avenir tout en préservant leur authenticité, en les revitalisant et en leur offrant des opportunités durables.
Les critères à respecter
Pour obtenir le prestigieux label des « Plus Beaux Villages de France », une commune doit remplir certains critères stricts. L’association promeut un développement rural harmonieux reposant sur le triptyque de « qualité, notoriété et développement » pour chaque petit village. Tout d’abord, la commune doit avoir moins de 2 000 habitants, ce qui souligne la volonté de mettre en valeur des villages de petite taille, préservant ainsi l’authenticité et le charme de ces lieux. Ensuite, la commune doit disposer d’au moins deux sites ou monuments protégés d’une façon ou d’une autre par un règlement ou une loi. Ces sites ou monuments constituent des témoignages importants du patrimoine culturel et historique de la commune, contribuant à son attrait et à sa richesse. Une fois que la commune souhaite se porter candidate pour l’adhésion à l’association, une demande d’adhésion motivée doit être faite par le conseil municipal. Cette demande est ensuite examinée par un jury qui se rend sur place pour évaluer les atouts et la beauté du village. Il s’agit d’un processus rigoureux qui permet de garantir l’excellence des villages labélisés. Deux fois par an, une commission nationale se réunit afin d’élire les nouveaux villages retenus pour rejoindre les « Plus Beaux Villages de France ». Seulement 20% des candidatures sont acceptées, ce qui démontre la sélectivité de ce label. Il n’est donc pas facile pour une commune d’obtenir cette distinction honorifique. De plus, une fois labélisée, chaque commune doit soumettre sa candidature à un réexamen tous les six à neuf ans. Cette démarche permet de s’assurer que les villages continuent de répondre aux critères de qualité et de préservation du patrimoine, garantissant ainsi la pérennité du label.
Il est à noter qu’il arrive parfois qu’une localité perde son statut de « plus beau village de France » pour diverses raisons, que ce soit en raison d’un manque de préservation, d’une modification du paysage ou d’autres facteurs.
Des retombées touristiques… et des défis
Au fil des décennies, Les Plus Beaux Villages de France se sont imposés comme de véritables destinations et une valeur sûre du tourisme rural en France, rassemblant plus de 35 millions de visiteurs par an !
Cependant, il est essentiel de noter que cette popularité croissante peut aussi poser des défis aux communes, en particulier celles qui se trouvent déjà dans des régions touristiques. Une fréquentation trop importante peut parfois entraîner des problèmes de surpopulation, de congestion et de pression sur les infrastructures locales. Les municipalités doivent donc veiller à bien gérer cet afflux touristique et à préserver l’identité et la qualité de vie de leur village, notamment en renforçant les infrastructures et les services pour faire face aux besoins des visiteurs.
Un autre défi auquel sont confrontées les communes labellisées est la préservation de leur caractère authentique et de leur patrimoine. Le label des « Plus Beaux Villages de France » incite les communes à maintenir et à restaurer leurs sites historiques, à préserver leur architecture traditionnelle et à valoriser leur identité culturelle. Cela demande des efforts continus pour protéger et conserver les éléments qui ont valu à ces villages d’être reconnus.
Les plus beaux villages toujours plus nombreux
Si la région Occitanie compte le plus grand nombre de beaux villages (49), suivie de l’Aveyron et de la Dordogne (10 chacun) au niveau des départements, des « plus beaux villages » apparaissent chaque année partout en France. En 2022, et après 40 ans d’existence, l’association a fait « entrer » quatre nouveaux villages dans son répertoire :
- Bergheim, dans le Haut-Rhin. Niché au sein des vignobles alsaciens, ce village rayonne grâce à son enceinte médiévale admirablement préservée et à son précieux patrimoine. Il met en valeur le cadre naturel dans lequel il s’épanouit en accordant une attention particulière à l’aménagement des espaces publics et à la restauration des bâtiments.
- Martel, dans le Lot. Martel, une ancienne cité au patrimoine médiéval précieux, est également impliquée dans le programme « Petites Villes de demain ». La ville s’est fixé pour objectif de combiner la réhabilitation et la mise en valeur de son patrimoine bâti, tout en revitalisant son centre bourg grâce à l’installation de nouveaux commerces. Elle accorde également une grande importance à la gestion des flux routiers et touristiques afin de préserver l’authenticité de son environnement.
- Beaulieu-sur-Dordogne, en Corrèze. La commune, qui participe activement au programme « Petites villes de demain », s’engage pleinement dans la valorisation de l’ensemble de son patrimoine et de son cadre de vie, au-delà de son centre historique et de sa position privilégiée en bord de la Dordogne.
- Rocamadour, dans le Lot. Rocamadour, une étape majeure sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle et inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, nourrit une ambitieuse vision à long terme axée sur la préservation et la valorisation de son patrimoine, ainsi que sur la gestion des flux touristiques. Le village s’engage résolument dans cette démarche afin de garantir un avenir durable pour son héritage culturel exceptionnel.
À l’étranger aussi
Depuis sa création en 1982, le réseau des Plus Beaux Villages de France a suscité l’inspiration dans d’autres pays qui sont également confrontés aux défis de préservation et de valorisation de leur patrimoine rural. Ce réseau a accompagné ces pays dans la création de leurs propres réseaux, adaptant la démarche initiale en fonction du contexte réglementaire et culturel de chaque pays. Chaque réseau a ainsi tiré des enseignements du concept français et de son expertise en matière de sélection des villages, tout en prenant en compte les spécificités locales telles que la définition de la ruralité, les règles de protection du patrimoine et la valorisation du patrimoine immatériel.
C’est en Wallonie, dès 1994, que l’idée a été reprise pour la première fois, suivie quatre ans plus tard par le Québec. L’Italie, le Japon, l’Espagne, la Russie et plus récemment, depuis 2015, la Suisse ont également développé leurs propres réseaux des plus beaux villages, chacun reflétant la richesse et la diversité de leur patrimoine rural respectif.
En Wallonie, citons les villages de Soulme, Our ou Chassepierre où se déroule en août le réputé festival international des Arts de rue.
En Espagne, évoquons Ayllon dans la province de Segovia ou encore le charmant village de Cudillero, dans les Asturies.
Pas de top 10 ou 20…
Depuis 1991, un processus de sélection rigoureux est mis en place pour évaluer tous les villages candidats, ainsi que pour réévaluer régulièrement les villages déjà classés, en se basant sur des critères objectifs. Des indicateurs précis, au nombre de 30, sont utilisés pour examiner la qualité du patrimoine, de l’architecture, de l’urbanisme, de l’environnement, ainsi que les efforts de mise en valeur. Ces critères vont de la présence de sites et de monuments protégés à l’homogénéité des toitures en passant par la gestion du stationnement.
Face à cette diversité de villages candidats, provenant de différentes régions telles que le Pays basque, la Normandie, la Bretagne ou l’Alsace, il serait difficile de les comparer de manière subjective sans susciter des tensions régionales. Pour éviter de favoriser certaines régions au détriment d’autres, l’association a opté pour une approche absolue avec « Les Plus Beaux Villages de France ». Cela permet de mettre en avant les villages sélectionnés sans créer de comparaisons subjectives, en reconnaissant leur valeur intrinsèque.
Le village préféré de Stéphane Bern
Il est tout à fait normal d’être déçu par un lieu malgré les éloges qui lui ont été faits. Les goûts et les préférences varient d’une personne à l’autre, et ce qui est considéré comme beau par certains peut ne pas l’être pour d’autres (les goûts et les couleurs, etc.). Certains ont des préférences spécifiques, tels que les villages en bord de mer, les villages perchés, les villages fortifiés ou les villages fleuris, tandis que d’autres aiment se laisser surprendre sans préjugés. De plus, un coup de cœur pour un lieu ne se limite pas à son esthétique pure, mais est également influencé par l’ambiance, l’accueil, les rencontres et le plaisir de la découverte partagée avec ses proches.
C’est précisément à la sensibilité et à l’esprit propre à chaque individu que Stéphane Bern fait appel dans son émission « Le Village Préféré des Français« , et c’est cette particularité qui contribue à son succès. L’émission permet à chacun de partager et d’exprimer ses préférences personnelles en matière de villages, en prenant en compte les attachements régionaux et les différents critères qui peuvent susciter l’engouement pour un village en particulier. C’est cette diversité d’opinions qui rend l’émission si captivante et stimulante pour les téléspectateurs.
En conclusion, les « plus beaux villages de France » sont bien plus qu’un simple titre honorifique. Ils représentent un engagement en faveur de la préservation du patrimoine rural, de la valorisation des petites communes et de la promotion du tourisme local. Grâce aux critères rigoureux établis par l’association des « Plus Beaux Villages de France », ces lieux d’exception sont soigneusement sélectionnés pour leur charme, leur histoire et leur authenticité. Et offrent des idées de destination idéale pour les vacances !