Le 8 mai ou la fin de la seconde guerre mondiale

Les forces alliées pénètrent en Allemagne en février 1945, après plus de cinq ans de guerre en Europe qui auront coûté la vie à des dizaines de millions de personnes. Trois jours après le suicide d’Adolf Hitler dans son bunker, le 30 avril, les troupes nazies qui défendaient Berlin capitulent le 2 mai 1945. Dans la nuit du 6 au 7 mai, l’acte de reddition de l’Allemagne est signé à Reims. Les quatre signataires sont des généraux, à savoir Alfred Jodl, chef d’état-major des forces armées allemandes, l’Américain Walter Bedell-Smith, le Russe Ivan Sousloparov et le Français François Sevez. Ce dernier est l’adjoint du général Juin, qui représentait la France lors de la Conférence de San Francisco chargée d’adopter la Charte des Nations Unies et qui se trouvait aux États-Unis à cette époque. L’acte de capitulation fixe alors la cessation des hostilités au 8 mai à 23h01. À la demande de Staline, une seconde cérémonie de capitulation, en présence de responsables militaires soviétiques est organisée pour le lendemain. Cette cérémonie a donc lieu le 8 mai 1945, mardi, au quartier général de l’Administration militaire soviétique à Karlshorst, en Allemagne. Les généraux alliés présents sont le maréchal Gueorgui Konstantinovitch Joukov pour l’Union soviétique, le maréchal Arthur Tedder pour le Royaume-Uni, le général Carl Andrew Spaatz pour les États-Unis et le maréchal Jean de Lattre de Tassigny pour la France. La délégation allemande est composée du maréchal Wilhelm Keitel, de l’amiral Hans Georg Von Friedebourg et du général Hans Juergen Stumpf.

Ce même jour à 15h, les capitales alliées proclament la victoire par le biais d’une allocution radiodiffusée. En France, c’est le Général de Gaulle qui prend la parole, Winston Churchill en Grande-Bretagne, et le président Harry Truman aux États-Unis.

Mais la guerre se poursuit en Asie, en particulier entre les États-Unis et le Japon. Il faudra les bombardements atomiques des Américains pour y mettre fin.  En effet, le 6 août 1945, l’armée de l’air américaine largue une bombe atomique sur la ville japonaise d’Hiroshima, causant la mort de dizaines de milliers de personnes lors de l’explosion et de nombreux autres décès dus aux radiations. Trois jours plus tard, une seconde bombe est larguée sur Nagasaki, faisant environ 120 000 victimes civiles. Le 8 août, l’Union soviétique déclare à son tour la guerre au Japon et envahit la Mandchourie occupée.

Le Japon capitule finalement le 14 août 1945 et les forces américaines prennent le contrôle de l’archipel. La reddition officielle du Japon aux États-Unis, à la Grande-Bretagne et à l’Union soviétique a lieu le 2 septembre 1945.

Si aujourd’hui le 8 mai est un jour férié en France pour commémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale et ses combattants, cela n’a pas toujours été le cas. En 1946, une loi instaure la commémoration de la victoire à cette date, mais seulement si le 8 mai est un dimanche. Sinon, la Libération sera célébrée le premier dimanche qui suit le 8 mai.

En 1953, les anciens déportés et résistants demandent que le 8 mai soit déclaré jour férié, mais cette décision est annulée en 1959 par les parlementaires de la Ve République, qui ont choisi le deuxième dimanche de mai. En 1968, le 8 mai redevient la date de commémoration, mais cette journée reste travaillée.

En 1975, le président Valéry Giscard d’Estaing décide de remplacer la commémoration officielle de la victoire sur l’Allemagne nazie par une Journée de l’Europe, marquant ainsi la réconciliation franco-allemande. Enfin, en 1981, le 8 mai est finalement déclaré jour férié en mémoire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de ses combattants.

Aujourd’hui, le rituel du 8 mai en France consiste en une revue des troupes par le président de la République sur la place de l’Étoile, suivi par le ravivage de la flamme du tombeau du Soldat inconnu et le dépôt d’une gerbe.

Bien que le 8 mai soit un jour férié en France, ce n’est pas le cas au Royaume-Uni ni aux États-Unis. En revanche, en Russie et dans certains pays issus de l’ex-URSS, le jour de la victoire est célébré le 9 mai, car la capitulation allemande à Berlin le 8 mai 1945 à 23h01 correspondait à la date du 9 mai 1945 à cause du décalage horaire avec l’heure de Moscou. Autrefois célébré tous les 20 ans, en 1945, 1965 et 1985, la commémoration de la Grande Guerre Patriotique en Russie est désormais un événement annuel depuis le milieu des années 1990, pour honorer le sacrifice immense de la Russie dans la victoire contre l’Allemagne nazie. La place Rouge est l’endroit incontournable pour assister à ces commémorations, avec ses proportions épiques pour la parade militaire. La tradition veut que le Président prononce un discours avant le tir d’une salve de 21 coups d’artillerie et un défilé aérien. Des divisions innombrables défilent, exhibant chars, hélicoptères et véhicules de surveillance, ainsi que des brigades et bataillons représentant chaque secteur des forces armées. Après le départ des militaires, une scène est installée pour une fête avec des feux d’artifice illuminant le ciel de la capitale.

Si vous êtes de passage à Paris pour la cérémonie ou à tout autre moment de l’année et que l’histoire de la seconde guerre mondiale vous intéresse…

Voici les principaux lieux, musées et mémoriaux de la Seconde Guerre Mondiale à Paris :

• Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris (23, Allée de la 2e DB, Jardin Atlantique, 75015) : Inauguré en 1994, il est situé au-dessus de la gare Montparnasse, poste de commandement du général Leclerc le 25 août.
• Musée Jean Moulin : Juste à côté du Mémorial du Maréchal Leclerc, il est dédié à l’homme de la résistance et au déroulement de la seconde guerre mondiale.
• Mont Valérien : Situé à Suresne, il est aujourd’hui un lieu de mémoire pour la France combattante. Un monument commémoratif aux morts de la guerre y est inauguré en 1960.
• Centre de Documentation Juive Contemporaine (17 rue Geoffroy l’Asnier, 75004) : Créé en 1943, il intègre les locaux du Mémorial du Martyr juif Inconnu en 1956, puis ceux du Mémorial de la Shoah en 2005 dans le Marais.
• Musée de l’Ordre de la Libération (129 rue de Grenelle, 75007) : Installé au sein des Invalides, ce musée est consacré aux Compagnons de la Libération et présente plus de 150 vitrines et 3 700 pièces et documents.
• Musée de la Résistance nationale (88 avenue Max Dormoy, 94 500) : Ouvert depuis 2001, il conserve les archives du CPL, du COMAC, du Travail allemand et des papiers concernant les anti-nazis allemands.
• Musée de l’Armée (129 rue de Grenelle, 75007) : Inauguré en 2000, il rappelle les étapes du combat du Chef de la France libre, Charles de Gaulle, de 1940 à 1945.
• L’Esplanade de la Libération : La Place de l’Hôtel de Ville a été renommée en 2013 pour rendre hommage aux libérateurs de Paris.
• Plaques commémoratives : Il y a 1060 plaques commémoratives de la Seconde Guerre mondiale à Paris, témoignant des héros de la guerre.
• Rues et Stations de Métro : Certaines rues et stations de métro ont changé de nom pour prendre ceux de résistants, de combattants ou de batailles célèbres.

Contrairement aux idées reçues, la Résistance française pendant l’occupation ne représentait qu’une petite minorité de la population. Les historiens ne sont pas tous d’accord sur le nombre de résistants réels, qui est estimé à environ 300 000 à 1 million, soit seulement 2% de la population de l’époque. Les résistants venaient de divers horizons sociaux et ethniques et étaient animés par des valeurs politiques, religieuses ou idéologiques différentes. Parmi eux, figuraient des opposants aux nazis venant d’Allemagne, d’Espagne ou d’Italie, des juifs apatrides et des immigrants issus de communautés arméniennes et polonaises. Les noms de résistants célèbres sont ceux de Jean Zay, Jean Moulin, Pierre Brossolette, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, l’Abbé Pierre, Lucie et Raymond Aubrac, Albert Camus, André Malraux et bien d’autres. Le ministère des Armées propose un service permettant de rechercher un nom parmi l’ensemble des personnes connues pour leurs actes de résistance.

À l’occasion de l’anniversaire de l’ »armistice », des commémorations et cérémonies auront lieu un peu partout en France. À Paris, le programme sera le suivant :

• 9h50 : Dépôts de gerbes de fleurs sur la Tombe du Soldat inconnu, Arc de Triomphe (8e)
• 10h : Hommage aux soldats d’outre-mer morts pour la France / Esplanade des Villes « Compagnon de la Libération » (4e)
• 10h35 : Cérémonie devant la statue du général de Gaulle / Avenue Winston Churchill (8e)
• 11h : Cérémonie nationale / Arc de Triomphe (8e)

Des dépôts de gerbes de fleurs sont également organisés :

• au monument du Maréchal Leclerc de Hauteclocque / Porte d’Orléans (14e)
• au monument du Maréchal de Lattre de Tassigny / Porte Dauphine (16e)
• au monument en hommage aux Goumiers marocains / Place Denys Cochin (7e).

La cérémonie sera retransmise en direct sur France TV.